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A. N. Whitehead : les "Principia" (2)

Les Principia : 9 ans de travail, 3 gros volumes, 30000 théorèmes...

Whitehead écrit à l'époque que «l'idéal des mathématiques doit être de construire un calcul dans tous les domaines de la pensée, ou de l'expérience externe, où la succession des pensées et des événements peut être constatée avec exactitude. De telle sorte que toute pensée sérieuse qui ne relève ni de la philosophie, ni du raisonnement inductif, ni de la littérature devra être une mathématique développée au moyen d'un calcul.» [Préface au Traité d'Algèbre Universelle] et il ajoute «la logique symbolique en viendra à conquérir l'éthique et la théologie.» [Principia]

Wouaouh, impressionnant...
et un peu effrayant, n'est-ce pas ?


mais Whitehead aura le temps de changer...
et déjà à l'époque il écrit aussi :
«La science ne fait que rendre plus urgente la nécessité d'une métaphysique.» [le Concept de Nature] et il continue en affirmant qu'il est nécessaire «de poser les bases d'une philosophie de la nature, qui est la présupposition d'une physique théorique réorganisée.»

Les balises de son évolution future sont posées.

Russell explique de son côté que «le but premier des Principia Mathematica était de montrer que toutes les mathématiques pures découlent de pures prémisses logiques, et n'utilisent que des concepts définissables en termes logiques..»

Je ne peux m'empêcher de citer ce mot merveilleux de Russell de 1948 caractérisant son travail, son amitié pour Whitehead, et finalement la raison de leur séparation:

«Whitehead fut toujours d'une bonté très exceptionnelle, et de professeur qu'il était devint progressivement un ami... Notre collaboration fut toujours parfaitement harmonieuse. Whitehead était plus patient, plus précis et plus soigneux que moi, et m'évita souvent de traiter sommairement et superficiellement des difficultés que j'estimais sans intérêt. En revanche, je trouvais parfois qu'il traitait les questions d'une manière inutilement compliquée, et découvrais les moyens de simplifier ses projets. Ni l'un, ni l'autre n'aurait pu écrire seul ce livre; même ensemble, et avec l'allègement qu'apportait la discussion mutuelle, l'effort était si rude qu'à la fin nous nou détournâmes tous deux de la logique mathématique avec une sorte de nausée. Il était probablement inévitable que, ce faisant, nous optâmes pour des directions différentes, si bien que la collaboration ne fut plus possible.» [cité par Alix Parmentier : "Whitehead et le problème de Dieu"]

L'allusion à la "complication" illustre bien l'incompréhension future de Russell à l'égard de son ami: en fait, Whitehead, le futur philosophe de la complexité, creuse les questions jusqu'au bout...

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