Whitehead

1. Le pharaon Akhénaton est un de ces hommes qui pensent par eux-mêmes. «... Il est évident qu'il usa de sa liberté sans avoir de conception de la liberté comme telle.» Mais, nous rappelle Whitehead, il s'efforça de l'imposer aux autres et échoua.

2. Les prophètes hébreux firent mieux. Ils exprimèrent librement leurs intuitions morales. Malheureusement, «... l'intolérance est le grand défaut des ferveurs morales.» Malgré la reconnaissance que l'humanité doit aux prophètes, Whitehead fustigera plusieurs fois leur intolérance et la prétention des prophètes à vouloir universaliser leurs messages..., alors qu'ils ne sont souvent que des imprécations liées à un contexte.

3. «La première déclaration importante qui associe la tolérance à la ferveur morale se trouve, quelques siècles plus tard, dans la parabole de l'ivraie et du bon grain.» Il s'agit d'une parabole de Jésus. Laisser pousser le bon grain et l'ivraie ensemble, et ne condamnez pas avant d'avoir reçu les fruits. En fait, une grande partie message de Jésus est l'articulation entre l'exigence morale et le respect des consciences. On n'oubliera pas que la principale lutte de Jésus-Christ se fait contre les prêtres ! (à bon entendeur !)
Et Whitehead de rappeler les invraisemblables intolérances de l'Eglise chrétienne, post constantinienne, et chez les réformateurs, Calvin, Luther etc. Heureusement, ajoute-t-il,

4. «La tolérance est plus souvent associée à une orthodoxie bienveillante. Les apôtres de la télérance moderne -pour autant qu'elle existe- sont Erasme, les quakers, et John Locke. On devrait commémorer leur souvenir dans tous les laboratoires, dans toutes les églises, dans tous les tribunaux.» Whitehead parle depuis l'Angleterre, bien sûr. Mais on pourrait élargir le propos à de nombreux humanistes. Il cite aussi la tolérance de la République hollandaise...

Erasme, le grand humaniste, s'opposa au radicalisme luthérien,
mais aussi au comportement inquisitorial de l'Eglise Catholique

ASPECTS DE LA LIBERTÉ (4)