La loi de complexité-conscience (4) |
«Cette loi se découvre d'elle-même dès lors que l'Univers est conçu comme passant d'un état A, caractérisé par un nombre très grand d'éléments matériels très simples (c'est-à-dire à Dedans très pauvre) à un état B défini par un nombre plus petit de groupements très complexes (c'est-à-dire à Dedans plus riche)»
L'Univers originel : beaucoup de particules et peu de
variétés
L'Univers actuel :moins d'entités, mais extrêmement variées et infiniment plus
complexes.
Certains vont me dire : mais ce n'est que sur la
Terre ?
Ou peut-être dans quelques lieux isolés dans l'Univers... ?
Eh oui, vous touchez juste !
Et vous touchez un des points auquel je suis le plus sensible :
l'évolution naturelle n'est pas une montée linéaire toute droite
vers une Conscience Universelle qui occupe tout l'espace de l'Univers.
- D'ailleurs, cela contredirait le Second Principe de la
Thermodynamique
ou loi de l'entropie...
Voir la réflexion de Prigogine
sur ce sujet
Non : nous montons vers l'improbable.
Vu d'en bas, la Vie et la Conscience sont le fruit du hasard...
«Dans l'état A, les Centres de Conscience, parce qu'à la fois très nombreux et extrêmement lâches, ne se manifestent que par des effets d'ensemble, soumis à des lois statistiques. Ils obéissent donc collectivement à des lois mathématiques. C'est le domaine propre de la Physico-chimie.»
-
J'insiste là-dessus. En appliquant strictement les lois physico-chimiques
Il est impossible de prévoir l'apparition de la conscience.
C'est la raison pour laquelle les théoriciens de
l'évolution
ont besoin du concept de "hasard" pour expliquer les mutations vers des
structures complexes.
Mais cela ne gêne pas Teilhard : son idée de Dedans des
choses
ne contredit pas les mécanismes de l'évolution, puisque les lois de l'évolution
s'appliquent sur le Dehors des choses,
laquelle analyse du Dehors ne voit que la moitié de la réalité...
«Dans l'état B, au contraire, ces éléments, moins nombreux et en même temps mieux individualisés, échappent petit à petit à l'esclavage des grands nombres. Ils laissent transparaître leur fondamentale et non-mesurable spontanéité. Nous pouvons commencer à les voir et les suivre un par un. Et dès lors nous accédons au monde de la Biologie.»
[Teilhard de Chardin: Le Phénomène Humain, 1947, Le Seuil, p.47 à 49]
Teilhard rêve un peu : beaucoup de biologistes en sont encore au stade mécaniste.
On voit introduire ici plusieurs points :
- d'une part, la "spontanéité",
c'est-à-dire l'autonomie locale des structures.
Par exemple, une cellule, une plante, un animal, se meut selon sa propre fantaisie.
Il existe bien sûr des lois de l'espèce, mais les individus ont une autonomie
que n'ont pas, par exemple, des électrons en faisceau dans un champ magnétique.
- d'autre part, on peut suivre l'évolution des espèces
ou des individus un par un.
En d'autres termes, chaque réalité a sa singularité.
Et bien sûr, quand la conscience parvient à émerger,
la singularité devient essentielle.
Teilhard découvrira qu'avec l'homme, la personne et l'individu l'emporte sur l'espèce.
BREF...