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Edgar Morin
Éclatement du savoir scientifique
et conséquences socio-psychiques (2)

(Suite du "savoir éclaté")

«Le Deuil est-il nécessaire ? L'institution l'affirme, le proclame. C'est grâce à la méthode qui isole, sépare, disjoint, réduit à l'unité, mesure, que la science a découvert la cellule, la molécule, l'atome, la particule, les galaxies, les quasars, les pulsars, la gravitation, l'électro-magnétisme, le quantum d'énergie, qu'elles a appris à interpréter les pierres, les sédiments, les fossiles, les os, les écritures inconnues, y compris l'écriture inscrite sur l'ADN. Pourtant les structures de ces savoirs sont dissociées les unes des autres (...) L'homme s'émiette: il en reste ici une main-à-l'outil, là une langue-qui-parle, ailleurs un sexe éclaboussant un peu de cerveau. L'idée d'homme est d'autant plus éliminable qu'elle est minable: l'homme des sciences humaines est spectre supra-physique et supra-biologique. Comme l'homme, le monde est disloqué entre les sciences, émietté entre les disciplines, pulvérisé en informations.

Aujourd'hui, nous ne pouvons échapper à la question: la nécessaire décomposition analytique doit-elle se payer par la décomposition des êtres et des choses dans une atomisation généralisée? Le nécessaire isolement de l'objet doit-il se payer par la disjonction et l'incommunicabilité entre ce qui est séparé? La spécialisation fonctionnelle doit-elle se payer par une parcellisation absurde? Est-il nécessaire que la connaissance se disloque en mille savoirs ignares?»

(Edgar MORIN : La Méthode Tome 1. Paris, Seuil, 1977, p.12-13)

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