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Edgar Morin
Éclatement du savoir scientifique
et conséquences socio-psychiques (1)

Que pensez-vous de ces propos ironiques d'Edgar Morin ? C'est souvent le premier texte que je donne aux participants d'un cours ou d'une session sur l'épistémologie...

  • Mis à part le côté provocateur -nuancé par ailleurs-, j'y souscris fortement.
    • Oh, je sais, je sais, il est un peu démago sur les bords, mais Edgar Morin n'a habituellement rien d'un intellectuel démagogique.

Je ne fais pas de commentaire : à vous de réagir !


Savoir scientifique, savoir éclaté ?

«Désormais spécialiste, le chercheur se voir offrir la possession exclusive d'un fragment du puzzle dont la vision globale doit échapper à tous et à chacun. Le voilà devenu un vrai chercheur scientifique, qui oeuvre en fonction de cette idée motrice : le savoir est produit non pour être articulé et pensé, mais pour être capitalisé et utilisé de façon anonyme. Les questions fondamentales sont renvoyées comme questions générales, c'est-à-dire vagues, abstraites, non opérationnelles. La question originelle que la science arracha à la religion et à la philosophie pour l'endosser, la question qui justifia son ambition de science : "qu'est-ce que l'homme, qu'est-ce que le monde, qu'est-ce que l'homme dans le monde ?", la science la renvoie aujourd'hui à la philosophie, toujours incompétente à ses yeux pour éthylisme spéculatif, elle la renvoie à la religion, toujours illusoire à ses yeux pour mythomanie invétérée. Elle abandonne toute question fondamentale aux non-savants, a priori disqualifiés. Elle tolère seulement qu'à l'âge de la retraite, ses grands dignitaires prennent quelque hauteur méditative, ce dont se gausseront, sous les cornues, les jeunes blouses blanches. Il n'est pas possible d'articuler les sciences de l'homme aux sciences de la nature. Il n'est pas possible de faire communiquer ses connaissances avec sa vie. Telle est la grande leçon, qui descend du Collège de France aux collèges de France.

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