![]() |
Cliquer
sur le logo ci-contre pour retourner à la page d'accueil |
PAGES
PHILOSOPHIQUES |
|
Page non encore terminée Notre représentation du monde et notre langage sont liés à une vision naïve et statique du monde. Les notions d'objets et de sujets également. Jean Ladrière, s'inspirant des acquis des sciences et de la réflexion de penseurs (Whitehead par exemple) propose la notion d'événement, venu à la fois des sciences physiques (relativité) et des sciences herméneutiques, l'histoire notamment. On pourra lire, pour compléter, les réflexions d'Edgar Morin et de A.N. Whitehead sur ce sujet «Le concept qui pourrait se révéler éclairant, en l'occurrence, est celui d'événement (...) Qu'un fait ne soit qu'une exemplification particulière d'une régularité générale ou qu'il ait le caractère d'un surgissement historique, il signifie l'occurrence d'un nouvel état de choses, le passage d'une certaine figure du monde à une autre (...)» La notion d'événement tente de dire la facticité du fait. L'événement est l'occurrence, dans la trame des processus qui constituent le monde et son histoire, d'un nouvel état de choses. Il est à la fois transition et surgissement, enveloppant ainsi la continuité et la discontinuité, la similitude et la différence, la reprise et la nouveauté (...) Le véritable événement, c'est le surgissement toujours advenant du monde, cette sorte de pulsation instauratrice en et par laquelle le cosmos ne cesse de se produire et de s'acheminer vers ce qui, de lui, est toujours encore à se constituer (...) La notion d'événement connote précisément un certain nombre de caractères qui affinent cette référence à la facticité. D'abord l'événement a un aspect d'unicité : ce qui arrive, au sens fort du terme, se singularise par son occurrence même. Cette unicité joue à deux points de vue. D'une part, même s'il y a des traits qui se reproduisent, et s'il y a de l'invariance, le monde, considéré dans toutes ses déterminations, prend à chaque instant une figure singulière, et en ce sens n'est jamais totalement égal à lui-même. Et d'autre part, son devenir est en quelque sorte d'un seul tenant. Ce qui se produit en chaque moment n'est que la réfraction dans l'instant d'un processus d'ensemble qui s'étend dans la durée et qui est précisément l'incessante venue au jour du cosmos (...) L'événement met en oeuvre un principe de liaison : ce qui se produit, à un moment donné, s'appuie toujours sur ce qui est déjà réalisé, reprend pour ainsi dire dans son acte même les processus antérieurs, qui sont, à l'égard des nouvelles opérations, des conditions de possibilité. Et en même temps, ce qui se produit annonce ce qui pourra suivre, en ce sens que de nouvelles conditions sont posées, qu'une nouvelle base est établies pour la construction d'architectures plus complexes. En somme, l'événement effectue une transformation du champ des possibilités : en actualisant, à un moment donné, les possibilités objectives existant à ce moment, il fait apparaître une nouvelle distribution des possibilités objectives, en laquelle s'amorcent déjà des développements ultérieurs.» Jean Ladrière : Penser la Création, Communio 1976, p.53-63
|