Eh bien, la poésie dans l'écriture de Hegel m'a échappé jusqu'ici !! Je ne sais pas DE QUOI ça parle. Mais qu'est-ce que c'est que cette Idée, cette Volonté (toujours en majuscule)? Je n'y ai
toujours rien perçu de "vivant et d'effervescent" mais un discours opaque qui se dit dans un monde fermé qui n'est pas le nôtre.
Tu expliques Heisenberg en deux lignes qui disent tout, quand Hegel en aurait fait 500 pages qui ne me disent rien. Mais il l'aurait plus probablemet nié comme non conforme à la Raison.
Comme je fais confiance à mes aînés, je me dis qu'il y a peut-être une porte d'entrée pour être apte à juger ces ouvrages. Mais où sont les clés ?
Nicorazon a répondu :
Merci René. Te connaissant, je me rappelle que tu aimais bien Kant : le style de Hegel est complètement différent
et le fond aussi.
Le problème avec Hegel, c'est que pour entrer dans sa pensée, il faut déjà être initié par un hégélien. J'ai eu la chance d'avoir un professeur exceptionnel sur Hegel, à Lyon. Il nous l'avait
présenté comme un penseur extrêmement subtil et humble (finalement après la traversée de tous les moments de l'Esprit, Hegel retombe dans l'expérience simple de la conscience, une sorte d'état
contemplatif). On en reste souvent à cette idée d'une Raison au sens d'un rationalisme absolu et tout puissant. De plus, plus que la raison, c'est l'Esprit qui importe. Ou la raison comme
synthèse de l'Esprit (la raison philosophique, il faut entendre). Les mots sont trompeurs.
C'est ce côté "absolu" qu'avait perçu et rejeté Kierkegaard. Mais on peut tout-à-fait lire cet absolu non au sens d'une globalité, mais au sens d'une infinité.
Partir du tout pour descendre vers les éléments... et saisir de quoi Hegel parle derrière tel ou tel moment de la dialectique (ce n'est pas évident si quelqu'un ne nous l'a pas dit), je ne l'ai
compris qu'après l'enseignement de ce prof.
Je l'ai aussi découvert grâce à la théologie : Ganoczy (qui le présente admirablement bien), Labarrière (qui est son défenseur), Balthasar (qui ne peut pas le sentir). Et il y a une étrange
parenté entre l'être qui fait l'expérience du Soi par sa négativité, et certains thèmes de la Kabbale juive, voire de la théologie paulinienne. J'ai eu d'autres clés qui étaient sensées m'ouvrir
d'autres portes d'entrée... où je n'ai rien compris... Comme quoi !
Hegel est aussi l'ancêtre de la phénoménologie : pour comprendre la philosophie, il faut la lire de l'intérieur, comme une expérience, et non la voir comme une somme, une science, un manuel ou un
discours qu'on lit de manière détachée.
Aujourd'hui, j'ai du mal à m'en passer et souvent je lis les événements du monde (culturels, philosophiques, socio ou psycho-socio) à travers quelques unes de ses lunettes. La dialectique de la
conscience et de la conscience de soi est fondamentale. Je trouve ses approches de la religion et de l'art très originales. Malheureusement, il n'est pas musicien (à la différence de Nietzsche
par exemple). On n'est pas obligé de le suivre dans sa vision politique qui a bien vieilli (Marx est passé par là, en cours de route !). Il manque aussi, me semble-t-il, une philosophie de
l'intersubjectivité et de l'amitié. Il renvoie l'amour à l'insondable de la philosophie. Dommage.
Pour être franc, je trouve que Kant, qui est vraiment passionnant (je le retravaille pour une formation sur l'éthique) manque, lui, de poésie. Hegel n'est pas mon maître à penser. Je préfère être
moi-même. On pourra en rediscuter. À bientôt.
gm a écrit (le 24/09/2009 à 10h29) :
J'ai sursauté en voyant le tableau de Magritte. Il ne faisait que présenter une version du principe d'incertitude!
Peut-être que Heisenberg et Magritte s'étaient rencontrés de leur vivant,(à Ostende ?!) mais cela aussi n'est qu'une incertitude ... (peu probable)
Bon, je ne philosophe pas, je divague.
Nicorazon a répondu :
Ai pensé à toi , Ghislain, en mettant le tableau de Magritte.
Tu remarqueras que la pipe ne fume pas et que le tableau non plus.
J'avais envie d'écrire : "ceci n'est pas le tableau d'une pipe" !
PS. On peut divaguer en philosophie et philosopher en divaguant.
Tu expliques Heisenberg en deux lignes qui disent tout, quand Hegel en aurait fait 500 pages qui ne me disent rien. Mais il l'aurait plus probablemet nié comme non conforme à la Raison.
Comme je fais confiance à mes aînés, je me dis qu'il y a peut-être une porte d'entrée pour être apte à juger ces ouvrages. Mais où sont les clés ?
Le problème avec Hegel, c'est que pour entrer dans sa pensée, il faut déjà être initié par un hégélien. J'ai eu la chance d'avoir un professeur exceptionnel sur Hegel, à Lyon. Il nous l'avait présenté comme un penseur extrêmement subtil et humble (finalement après la traversée de tous les moments de l'Esprit, Hegel retombe dans l'expérience simple de la conscience, une sorte d'état contemplatif). On en reste souvent à cette idée d'une Raison au sens d'un rationalisme absolu et tout puissant. De plus, plus que la raison, c'est l'Esprit qui importe. Ou la raison comme synthèse de l'Esprit (la raison philosophique, il faut entendre). Les mots sont trompeurs.
C'est ce côté "absolu" qu'avait perçu et rejeté Kierkegaard. Mais on peut tout-à-fait lire cet absolu non au sens d'une globalité, mais au sens d'une infinité.
Partir du tout pour descendre vers les éléments... et saisir de quoi Hegel parle derrière tel ou tel moment de la dialectique (ce n'est pas évident si quelqu'un ne nous l'a pas dit), je ne l'ai compris qu'après l'enseignement de ce prof.
Je l'ai aussi découvert grâce à la théologie : Ganoczy (qui le présente admirablement bien), Labarrière (qui est son défenseur), Balthasar (qui ne peut pas le sentir). Et il y a une étrange parenté entre l'être qui fait l'expérience du Soi par sa négativité, et certains thèmes de la Kabbale juive, voire de la théologie paulinienne. J'ai eu d'autres clés qui étaient sensées m'ouvrir d'autres portes d'entrée... où je n'ai rien compris...
Hegel est aussi l'ancêtre de la phénoménologie : pour comprendre la philosophie, il faut la lire de l'intérieur, comme une expérience, et non la voir comme une somme, une science, un manuel ou un discours qu'on lit de manière détachée.
Aujourd'hui, j'ai du mal à m'en passer et souvent je lis les événements du monde (culturels, philosophiques, socio ou psycho-socio) à travers quelques unes de ses lunettes. La dialectique de la conscience et de la conscience de soi est fondamentale. Je trouve ses approches de la religion et de l'art très originales. Malheureusement, il n'est pas musicien (à la différence de Nietzsche par exemple). On n'est pas obligé de le suivre dans sa vision politique qui a bien vieilli (Marx est passé par là, en cours de route !). Il manque aussi, me semble-t-il, une philosophie de l'intersubjectivité et de l'amitié. Il renvoie l'amour à l'insondable de la philosophie. Dommage.
Pour être franc, je trouve que Kant, qui est vraiment passionnant (je le retravaille pour une formation sur l'éthique) manque, lui, de poésie. Hegel n'est pas mon maître à penser. Je préfère être moi-même. On pourra en rediscuter. À bientôt.
Peut-être que Heisenberg et Magritte s'étaient rencontrés de leur vivant,(à Ostende ?!) mais cela aussi n'est qu'une incertitude ... (peu probable)
Bon, je ne philosophe pas, je divague.
Tu remarqueras que la pipe ne fume pas et que le tableau non plus.
J'avais envie d'écrire : "ceci n'est pas le tableau d'une pipe" !
PS. On peut divaguer en philosophie et philosopher en divaguant.